TRANSITION VERS LA PRODUCTION DE VE DANS L’INDUSTRIE AUTOMOBILE CANADIENNE – ÉVALUATION DES INCIDENCES SUR L’ÉCONOMIE ET LE MARCHÉ DU TRAVAIL
L’industrie automobile du Canada, un moteur clé de la croissance manufacturière et économique du pays, vit en ce moment une vaste transition vers la production de véhicules à émission zéro (VEZ) dans le cadre des efforts des marchés intérieur et mondial visant à réduire les émissions de carbone et à atteindre la carboneutralité d’ici 2050. Le passage de la production de véhicules à moteur à combustion interne (VMCI) à celle de véhicules électriques (VE) présente des possibilités autant que des difficultés. La transition donne l’occasion de mettre en place de nouvelles chaînes d’approvisionnement dans le marché intérieur, d’augmenter la capacité de production actuelle et de faire croître la contribution de l’industrie à l’économie. Toutefois, elle présente à l’industrie et à sa chaîne d’approvisionnement plusieurs défis, notamment la nécessité d’adapter les procédés, de composer avec l’évolution de la demande de composantes et d’assurer la transition de l’effectif d’une industrie ou d’un secteur à un autre. Les intervenants de l’industrie doivent également naviguer entre des écueils majeurs malgré les incertitudes et les risques de cette transition.
Le présent rapport détaillé se concentre sur cette transition, et son importance pour l’économie canadienne. Ses auteurs ont analysé ses incidences de 2025 à 2040, donnant aux décideurs et aux intervenants de l’industrie des précisions sur les conséquences possibles pour l’économie et le marché du travail. Ce rapport présente les résultats de l’analyse détaillée du passage à la production de VE, particulièrement les véhicules électriques à batterie (VEB). Cela a entraîné l’examen minutieux des chaînes d’approvisionnement de la construction d’automobiles et de la fabrication de batteries, auquel s’est ajoutée l’annonce de nouvelles opérations de production et des changements associés qui remontent jusqu’à la fabrication de produits chimiques, au traitement des minéraux et à la capacité minière. De plus, l’analyse a porté sur la diminution des activités d’assemblage de VMCI et la contraction de la demande de composantes qui en résultent — le volet parallèle de cette transition. Le calendrier et l’importance des nouvelles opérations et des changements dans la chaîne d’approvisionnement sont exposés dans trois scénarios qui illustrent les divers résultats éventuels — allant de la croissance rapide de la capacité de production de VEB illustrant la transformation réussie de la production en quelques années, à une transition plus graduelle représentant les risques et les obstacles divers qui se présentent à la production et à l’adoption des VE. L’analyse de la production de VE permet d’estimer l’évolution spécifique de la production et de l’emploi aux différents maillons de la chaîne d’approvisionnement. Chaque scénario présente une incidence économique sur plusieurs niveaux.
1. Dans le scénario 1, on fait l’hypothèse d’une meilleure réception des VE par les consommatrices et les consommateurs, alors que l’industrie continue avec succès d’obtenir des mandats de production, d’extraire et de traiter des minéraux de terres rares dans le marché intérieur, de même que de construire des VE et fabriquer leurs batteries. Ce scénario prévoit une expansion économique et une dynamisation du marché du travail non négligeables, alors que la production augmentera de 50,0 milliards de dollars et créera presque 100 000 emplois nets d’ici 2040.
2. Le scénario 2 suppose une acceptation plus lente des VE par les consommatrices et les consommateurs, se traduisant par une transition plus graduelle vers la construction de véhicules électriques et par une production de batteries plus faible, lesquelles s’accompagnent en outre d’un succès moindre dans la création d’une capacité de production de minéraux de terres rares et dans l’obtention de mandats de production. Ces hypothèses permettent de projeter une faible incidence économique, compte tenu d’une augmentation globale de la production de 2,4 milliards de dollars et de la création de 4 250 emplois environ jusqu’en 2040, mais aussi de dénoter des pertes d’emploi et économiques au cours des premières années de la transition.
3. Le scénario 3, combinant les hypothèses des deux premiers, permet de prédire que la production atteindra 13,3 milliards de dollars et qu’elle ajoutera 27 000 emplois d’ici 2040.
Ces scénarios font ressortir les incidences variables de la transition du Canada vers la production de VE sur la production économique et l’emploi dans diverses industries et dans l’ensemble de l’économie. L’industrie de la fabrication de moteurs à essence est la principale touchée en raison de l’affaiblissement de la demande de composantes propres aux VMCI — un facteur de national diminution de la production de VMCI et des exportations de composantes pour moteurs à combustion interne (MCI). En revanche, la fabrication de batteries et les industries de sa chaîne d’approvisionnement devraient être les plus avantagées (hausse de la production et création d’emplois) par le démarrage des opérations de fabrication de batteries et des activités connexes.Bien que plusieurs risques, obstacles et défis puissent gêner la transformation de la production et l’adoption des VE, la réussite de la transition exige de l’industrie et des gouvernements qu’ils coordonnent leurs efforts pour réduire les incidences au minimum et assurer une transition harmonieuse de l’effectif.